dimanche 22 juin 2025
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The Wampas
"Rock'n'roll Part 9"

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Chicks On Speed
"99 Cents"

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Air Guitar
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Depuis le 22/04/2005

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19/06/2025 à 23:07
Festival International de Benicassim 2004

Le soleil, la plage, la mer, le camping, les coups de soleil, le jeûne... Autant de choses qui font encore plus apprécier ce merveilleux festival qu'est le Festival International de Benicassim.

http://www.buscamusica.org/fib2004/rotulo.gif



Je débarque pour la troisième fois consécutive à Benicasim sur la Costa Azahar.

Lundi 2 août 2004, il fait déjà chaud, on s’installe au camping qui, cette année a l’air assez vide, ce qui inquiète quelque peu le festivalier…cependant jusqu’au jeudi 5, c’est rencontres variées pendant la nuit et baignade la journée, entrecoupée de farniente sous les palmiers et bains de minuit…Il semble que l’année 2004 n’a pas fait le plein malgré une programmation des plus alléchante. Les français sont venus en nombre mais peu ont l’air de connaître les artistes de l’ édition, ou pire d’y connaître quelque chose en musique ! Au moins ils sont là pour s’éclater la tête, danser, draguer, bronzer…De même, il y a beaucoup d’anglais, facilement repérables, beerbelly et peau livide, mais ravis d’être là, même si on a droit à quelques « you know Glastonburry is way much bigger ».
Ca y est, c’est la soirée de présentation. Pour la première fois c’est sur le site principal (escenario verde). On arrive juste pour Ash, qui joue vite, fort et saturé, puis c’est au tour de Fangoria, groupe espagnol de ravir les autochtones et d’agacer un peu les autres. Vers 3h du matin, c’est à Zoot Wooman de jouer son rock 80s sympathique mais pas si dansant que ça. On peine à reconnaître Jacques Lu Cont à la basse (aka Stuart Blake, leader des Rythmes digitales) : normal, il n’est pas là mais à Ibiza pour une soirée avec Puff Daddy ! Felix da Housecat clôture la soirée, avec un DJ set efficace qui rassure la foule avec notamment une petite attraction genre montagnes russes sur the wall de Pink Floyd.

Vendredi 6, on essaye de se remettre de la première vraie cuite du festival pour attaquer une soirée qui s’annonce énorme. On boit des mélanges qu’on nous offre gentiment en attendant la navette qui nous amène au FIB. Déjà bien éméchés, mais c’est l’heure de déchanter avec Les Kings of Leon, qui ressemblent à un boys band qui a peur de jouer ses chansons sudistes pourtant entraînantes sur disque. Bien plus expérimental et fascinant : Her Space Holiday. Marc Bianchi a là assez de merveilles electropop pour faire le malin et durer. Un petit tour du coté des horribles Northern Lite, la nuit est tombée, les fûts à Heineken commencent à se vider. Dans le désordre et en zapping : Tindersticks a la classe mais jouer des perles intimistes sur la grande scène n’est pas des plus approprié ; d’ailleurs la moitié de l’auditoire s’assoie ! Einstürzende Neubauten casse les baraque avec des instruments des plus étranges : chalumeaux, tuyaux en plastique, bidons…Mais attention c’est pas Stomp car le chanteur charismatique et mystérieux captive et force au respect surtout quand on sait que le légendaire groupe signé chez Mute officie depuis 1985 ! Gros carton pour Air qui sort un set best of, devant un public compressé et enchanté par les deux versaillais à coups de « buenas noches », « do you want to dance » au vocodeur et de « Zer iz only one langwaïge, Ze love ». Le son et les arrangements sont parfaits, Sébastien Tellier reste discret dans son rôle de sorcier, mais on regrette presque que la batteur soit trop technique pendant le final…Puis on se presse (en vain car 35 minutes de retard) pour assister au concert de Lali Puna, qui a déjà le statut de chouchou du public indé/electrorock/j’en passe et des meilleures…La petite asiatique, supportée par un groupe très subtil, charme tout le monde. Puis direction les Pet Shop Boys, un peu chiants avec leur karaoké-gai géant, mais les tubes sont indéniablement mythiques dont le super rent joué en introduction. Un petit tour à la bpitch control night avec Sacha Funke et Smash TV. Ca tabasse à tout va les bpm, les beats et les pas de danse, à moins que ça ne soit le contraire…Quelques Vodka Red Bull plus tard, c’est la claque ! Pas le coma éthylique, non, mais l’arrivée de Kraftwerk. Tout le monde se tait, même les novices : c’est une cérémonie. Un rideau s’ouvre, dévoilant un écran géant, et les quatre allemands, impeccables dans leur smoking noirs (on dirait qu’ils ont été cryogénisés), statiques, debout devant leurs laptops face au public. Et ils enchaînent, Tour de France, Autobahn, Radioactivity…avec des vidéos captivantes. Quand on sait que leur premier disque est sorti en 1971 et qu’on la musique actuelle lui doit tout (même le blip du digicode !), on se tait, on ouvre grand les yeux et on « danse ». Après ça, inutile et impossible de réfléchir, de réaliser, donc on laisse nos pas nous « guider » ( à cette heure-ci tout le monde déambule, les Anglais chargés aux extas, les espagnols à la coco, et les autres à l’alcool) vers le dancefloor de la ravissante Ellen Allien qui achève tout le monde avec un set agressif qui promeut les artistes de son écurie.

Sabado 7 : Après avoir attendu la navette une heure, on se décide à faire du stop, mais c’est avec un peu de retard qu’on arrive pour Scissor Sisters, en rut vers la gloire. Dommage qu’ils jouent si tôt. Pas grave ils incendient la place pour que l’on se souvienne de leur passage. Tous les yeux sont rivés sur le chanteur qui finit en strip-tease intégral après avoir chanté Laura, Take Your Mama, Confortably Numb : tout le monde est gai ce soir. Puis avec une certaine appréhension on va voir Lou Reed, et là, confirmation, c’est mega chiant. Donc on va voir Electrelane, sympathique quatuor féminin (dont le dernier effort a été produit par Albini), qui ne casse pas des briques mais ne mange pas de pain non plus. Idéale bande son pour manger un sandwich d’ailleurs. Digestion pendant le concert de Belle and Sebastian, qui comme en 2002 font chanter tout le monde. Le groupe et ses fans sont heureux, les flûtes chatoyantes, les arrangements luxuriants. La classe pop absolue. Un hommage aux Smiths (habile clin d’œil à Morrissey, annulé ce soir là car coincé à Valence). Puis Bobby Gillespie et ses potes investissent la scène. Première surprise Kevin Shields (de My Bloody Valentine) ne joue plus avec Primal Scream, ce qui ne change strictement rien. Ils jouent leur best of : tres fort, tres violent, tres rapide, bref du vrai rock’n’roll futuriste. Une petite intro de David Bowie ?! vient saboter celle de Rocks, pas grave le public est en transe, galvanisé par un final à base de Swastika Eyes, Movin on Up et Jail Bird. Après tant d’intensité il nous faut nous défouler et demander aux autres s’ils ont bien assisté à la même chose que nous. Confirmation et direction Superpitcher, avec un set parfait pour cette heure dont je peine à me souvenir…

Dimanche 8 : le temps défile à une vitesse incroyable, dernier vrai jour. Love avec Arthur Lee (éclaté, à cause de la mort d’un de ses amis...) nous casse les oreilles. Même les fans s’en vont pour ne pas assister à ce gloubiboulga. Ca c’est de la « légende » (1)! Vient le tour de Wire, encore pire, ces mecs ont beau avoir été des pionniers du punk, là c’est no future assuré. Ca c’est de la « légende » (2)! On se dit jamais deux sans trois et le doute nous envahit lorsque Brian Wilson « débarque » ou plutôt échoue sur la scène. Chemise de retraité, gros bide, canette de coca light à la main, il ne regarde pas le public, ni son groupe, s’installe sur son tabouret et derrière son énorme synthé Yamaha (uniquement là pour donner à l’ex-leader des Beach Boys de la constance, le cacher et lui rappeler ses textes car surmonté de prompteurs !). Ca commence pourtant bien avec un Sloop John B. Mais très vite il apparaît que seul le groupe (techniquement excellent par ailleurs) joue, et pire on a l’impression d’être au Mickey club sur un plage Californienne, tant ils ont des sourires niais. Le final en guise de best of, (Barbara, Surfin USA, Fun Fun Fun), constitue le clou du spectacle où les musiciens sont rejoints par la famille Wilson ? des gagnants du concours fan de ? des techniciens du FIB ? qui dansent comme des abrutis sur la scène, genre « on est sur la scène c’est génial, regardez on fait l’avion avec nos bras… » : pitoyable et ça fait peur, on pourrait presque en faire des cauchemars semblables aux clips d’Aphex Twin ! Ca c’est de la « légende » (3)! Pour oublier ça, mieux vaut se rafraîchir le gosier et s’éclater les neurones. Heureusement arrivent les sauveurs de Franz Ferdinand avec leurs hymnes dance-pop imparables, leurs têtes de neuneus écossais attachants et leur live dévastateur, face à un public conquis d’avance. Filles et garçons chantent et dansent ensemble, Alex Kapranos tellement content d’être là s’emballe les pinceaux et crie un « thank you Primavera !» (non, ça c’était il y à trois mois à Barcelone), repris immédiatement par le second guitariste « he meant Benicasim ! », le public s’en fout, plus de 20.000 personnes sautent dans tous les sens, on est heureux. La fatigue commence à se faire ressentir, on va vers la scène hellomoto et on commence à s’exaspérer de voir James Murphy prendre son temps à installer le matos, bien qu’aidé par un des 2 Many Djs. Trente minutes de retard, pas de changement de lumière, pas d’entrée su scène, mais ça commence très fort, le batteur, véritable boite à rythme lance Beat Connection. Murphy boit du vin au goulot, et à l’air un peu pommé, mais dès qu’il commence à chanter, il redevient le leader de LCD Soudsystem (et accessoirement le boss de DFA). Gros son, on danse, les chansons sont accrocheuses, hypnotiques et longues, les paroles débiles, le groupe ravi. Six titres sont joués et c’est l’heure de finir en beauté avec Losing My Edge et Yeah, le groupe prend son pied, fait n’importe quoi, un coup de synthé par ci, un peu de basse par là, saupoudrée de cloches, et ça marche ; la prestation rappelle celle des Tchick Tchick Tchick ( !!!) L’adrénaline est bien remontée, alors on espère que les Dandy Warhols vont entretenir le niveau. Mais on redescend vite, le groupe joue en pilotage automatique et fait du rase motte, et finit par s’écraser rapidement. Dommage, surtout quand on a quelques singles planants ou qui peuvent dompter n’importe quelle zone de turbulence. On va donc faire un tour pour danser avec Richie Hawtin (aka Plastikman) qui nous aide à nous stabiliser avant que l’on reparte de plus belle avec les Chemical Brothers, tout le public est présent et accueille Simons et Rowlands pour la 5ème fois avec des déhanchements hystériques. Il n’y a pas grand chose à voir, ci ce n’est des écrans géants avec des motifs psychédéliques qui tournent aux sons des machines. Set best of, avec les deux dernières pépites Get Yourself High (propice au contexte) et The Golden Path. Pendant les passages calmes on entend au loin les beats du dj set (notamment Blue Monday) du pauvre Trevor Jackson (pas de bol pour le patron d’Output d’être programmé en même temps). Pas grave après ça on va tout de même voir Colder dont le nom résume bien la prestation du groupe ce soir. Comme c’est la dernière ligne droite on veut avoir encore plus chaud, on aurait préféré avoir Hot Hot Heat. Dommage ces français peuvent pourtant être captivants en live. Du coup on va boire les bouteilles des journalistes du nme, on croise le crew magic complètement ravagé, et quelques conneries plus tard on ne sait pas quelle heure il est, et Smagghe (le Jésus camé) et Rebotini (le hooligan à la méche new-wave) commencent leur dj set musclé à base de Blackstrobe ; dommage qu’ils n’aient pas joué live cette fois mais nos festivaliers se remuent comme des furies sur Chemical Sweet Girl. Les esprits sont de plus en plus embrumés, la fatigue n’existe plus, les rythmes de plus en plus envoûtants… Puis on oublie. Le soleil se lève, les bénévoles craquent et distribuent des tickets boisson gratuits, je croise ou plutôt je m’étale sur Trevor Jackson qui va voir Tiga clôturer. Et ça clôture sec ! Esprit bon enfant, tout le monde boit encore, on se met des autocollants débiles sur la tête, on improvise du breakdance, on trébuche, on entend pas la musique, on pense à autre chose, on rigole quelques secondes avec des jolies espagnoles, on provoque en duel de danse des inconnus, on demande des bières gratos au bar, et parfois ça marche, même chose avec les donnuts…puis on se fait ramener au camping en navette climatisée avec du Tears for Fears en bande son. Puis on oublie. Il est 10h00.

Lundi 9 : Soirée de clôture sur la plage ouverte à tous, on loupe Michel Grinser, mais bon James Murphy fait danser la plage à coups de Tigre, Rapture, Daft Punk…On en profite pour partager nos mélanges banana-vodka et jouer à lancer des ballons J&B, jusqu’à ce qu’un flic s’en prenne un sur la tête et excédé de tant de débordements sorte son canif pour le crever. Ca pisse à gogo dans la mer, ça danse sur les podiums, ça joue avec les fontaines, ça perd ses sandales, ça montre son maillot de bain . C’est enfin au tour des 2 Many DJs de prendre d’assaut les platines. Mais très vite il apparaît qu’on a affaire à un set à 8 mains, car Murphy et Jackson viennent mettre leur grain de sable dans les sampleurs qui ne s’enrayent pas, bien au contraire. Ca passe du Primal Scream, du Jay Z, du Beyoncé, du Beni Benassi, du Run DMC, du Chemical B, du Vitalic…Puis on oublie. Les secouristes veillent à la non-noyade des festivaliers, bien que déjà noyés dans leur alcool. Puis on oublie. Et on re-danse…

A bientôt.

Olivier Rigout tat98@hotmail.com


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