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19/06/2025 à 23:07
Interview Primal Scream

Stay out drinkin' till the moring comes!

En 20 ans d’existence, le groupe de l’ex-batteur des Jesus & Mary Chain a publié une myriade d’albums ambitieux et déconcertants. Depuis Sonic Flower Groove ou Screamadelica il était évident que l’écossais Bobby Gillepsie fait une fixation sur le rock’n’roll version New York Dolls. Avec une production plus sobre et moins électronique que celles de Kevin Shields ou Andrew Weatherall, ce dixième disque, « Riot City Blues », sonne comme un retour aux sources. Rencontre avec Gary Mounfield plus connu sous le nom de Mani depuis l’époque où il était le bassiste des Stones Roses.

http://www.primalscream.net/asset_store/image/riot_city_blues_200606051110640.jpg

Mani : Avec ce temps de merde (il fait gris et il pleut) j’ai l’impression d’être chez moi ici. On dirait Manchester.

OR: Ca tombe bien. La dernière fois que je t’ai vu c’était à Rennes, le temps était à peu près le même.

M : Ah oui exact, on a joué très tard et le public était fou. Je suis Irlandais, ça doit être une connexion spirituelle entre Celtes…Après nous il y avait ces Suédois en jogging rouges qui me faisaient penser aux Happy Mondays.

OR : C’était des Norvégiens en fait, Datarock. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de voir les Happy Mondays dernièrement…

M: Bez (le percussionniste des HM) est vraiment un mec drôle. Il a même gagné un jeu de télé réalité en Angleterre.

OR: Heu…Peut-être qu’on pourrait parler du dernier album non?

M : Ah ouais….ok je vois. Ok alors !

OR : Le disque est plus direct, moins conceptuel que les précédents…

M : On a tous grandi en écoutant et en reprennant les Stones, les Stooges, les MC5 ou les Dolls. Cette musique est en nous. C’est d’ailleurs pour ça qu’on reprend régulièrement « Born to Lose » de Johnny Thunders. Le rock’n’roll est la bande son de nos vies.

OR : On ne peut pas vraiment dire que vous avez eu la même carrière que les Dolls. Eux c’était « Too Much Too Soon » puis plus rien ! Vous êtes toujours adeptes du style de vie Thunders : sexe, drogues et rock’n’roll ?

M : Ouais, ouais…Heu…on se concentre de plus en plus sur la musique. Le sexe c’est le sexe. Quant aux drogues on en prend toujours mais moins qu’avant. Ca a failli détruire le groupe dans le passé. On a tous des familles voire des enfants, on ne peut malheureusement pas être défoncé tout le temps.

OR : Il vous arrive d’être complètement à l’ouest pendant les concerts ?

M : Oh oui, très souvent, c’est pour ça que j’ai un ampli basse de deux mètres, comme ça je peux m’appuyer dessus quand ça va mal.

OR: Dans le dernier single “Country Girl” Bobby reprend la célèbre phrase des Stones “What can a poor boy do?”. Qu’est ce que tu ferais si t’étais jeune et pauvre aujourd’hui?

M: J’aimerais bien être cuistot (il me montre fièrement des photos de poissons sur son téléphone portable). C’est moi qui les ai péchés et qui les cuisine pour mes frères. En tout cas je ne voudrais pas travailler la nuit. La nuit c’est fait pour faire la fête ! J’ai de la chance car Primal Scream c’est un loisir à plein temps. J’ai toujours voulu faire ça. Et plus je progresse, suis plus confiant. Nos héros c’était les Sex Pistols, les Clash. Au départ la musique c’était uniquement pour passer du bon temps et je suis fier d’avoir pu en vivre depuis vingt ans. Même si on s’est fait arnaquer par des requins, surtout aux débuts. Sinon il paraît qu’il y a plein de fric à se faire avec les religions. Je pourrais peut-être devenir gourou.

OR : Les paroles de Primal Scream ont toujours eu un côté religieux. Vous n’êtes pourtant pas des enfants de cœurs…

M : Quand j’étais petit j’allais à l’église, mais je me suis fait virer car je mettais mes mains dans mes poches. Sinon Bobby adore Johnny Cash, il écoute beaucoup de vieux blues qui parlent de Dieu, du Diable, du paradis et de l’enfer. La religion m’est tombé dessus, moi je suis plus spirituel, voire spiriteux que religieux en fait. D’ailleurs je sais jamais où me mettre pendant les mariages ou les messes…j’ai l’air d’un crétin en costard.

OR : J’imagine que vu le style de vie que vous menez vous êtes rarement en état de vous lever le dimanche matin pour aller à la messe.

M : Quand j’ai la gueule de bois, les cloches me cassent les oreilles. Mais je respecte les gens qui croient en une puissance divine. D’ailleurs moi aussi je cherche Dieu. Fais lui un signe si tu le vois.

OR : Ok je lui passe le message ! Le dernier disque est aussi plus Ecossais dans l’âme, plus folklorique avec des violons, de la mandoline et même de a cornemuse. Vous n’avez vraiment pas froid aux yeux.

M : Ce disque est un peu le squelette de notre musique. Finalement c’est assez proche de « Give Out But Don’t Give Up » dans l’esprit. Sauf que Bobby et les autres avaient été déçus par ce disque qui ne reflétait pas vraiment qui ils étaient à l’époque, leurs problèmes…Ils traversaient une crise, ils étaient accro à l’héroïne et le disque sonnait pourtant très joyeux. Le nouveau l’est aussi en quelque sorte mais notre façon d’écrire les morceaux n’a pas changé. Il y a juste moins de travail en studio, moins de production, ça sonne live. On se branche et c’est parti. Si tu écoutes « Miss Lucifer » sur le précèdent album « Evil Heat » c’est juste trois accords, du rock and roll à l’état pur qu’on a perverti en studio avec des ingénieurs.

OR : Justement les pubs pour vos concerts disent juste « PURE ROCK’N’ROLL ». Vous ne pensez pas que c’est galvaudé comme expression. Ca signifie encore quelque chose ?

M : Bien sûr, sinon on serait pas là. On se fout de la mode à la con avec ces t-shirts Ramones. Nous on veut secouer les gens. Mentalement et physiquement. Les émouvoir. Iggy Pop est toujours sur scène et je peux te dire que c’est pas de la variété qu’il fait. Je pense que sur scène Primal Scream prend tout son sens. On joue vite, fort, on transpire.

OR : « Riot City Blues » est quand même beaucoup moins violent et moins politique qu’Exterminator. Vous vous sentez trop vieux pour être en colère ou vous êtes devenus conservateurs ?

M : Merci ! Il y a effectivement moins de haine et de tension dans notre musique. Le disque est moins politique mais on est toujours en colère, à commencer contre nous même, contre l’industrie du disque et plein d’autres choses. Mais on veut pas se répéter et passer pour le groupe protestataire de service. Cependant nos paroles sont toujours subversives mais plus implicites, plus imagées.

OR : Bobby chante “I’ve got to keep on, keeping on”. Mais, continuer à faire quoi?

M : A continuer ! Etre dans le mouvement, faire de la musique, foncer tout droit. Tu sais dès qu’on rentre de tournée Bobby m’appelle pour aller jouer et me dit « j’en ai déjà marre de la vie de famille ». Alors on joue des reprises comme « To Live Is To Fly” de Tom Wan Zandt ou « Gimme Some Truth » de Lennon qui vont être des faces B. Pareil, pour les balances des concerts on joue des vieux Stones ou « Rebel Rebel » de Bowie... palalapapa... palalalalapa… Ca serait bien de faire un disque de reprises.

OR : Vous faites quoi d’autre avant de monter sur scène ? Vous jouez aux dominos comme dans le clip de « Kowalski » ?

M : On boit beaucoup de vodka, on s’encourage mutuellement, on se souhaite bonne chance. On espère ne pas être trop bourrés, mais je ne pense pas que ça se remarque. On est très bon pour faire bonne impression…Sauf quand Bobby a les jambes qui tremblent…ou qu’au contraire il court partout comme au festival de Primavera où il avait pris trop de speed et courait sans arrêt autour de la scène, jetais son micro par terre toutes les trente secondes. Il était très drôle ce soir là. Généralement c’est après les concerts qu’on prend du bon temps, avec plein d’ecstasy par exemple. Ah tiens, regarde (il me montre son portable) il est trop beau ce poisson !

OR : On dirait que t’es plus fier de pêcher que de jouer dans Primal Scream…

M : Non, mais j’adore être seul dans la nature. Ca me procure un sentiment de liberté. Ceci dit j’aime bien la compagnie aussi. Et c’est tant mieux car les gens me demandent souvent des autographes et je prends plaisir à les signer. C’est même un honneur car j’ai l’impression de faire quelque chose de bien pour eux. Ca se trouve ils ont une vie de merde et je les aide à oublier ça. C’est pareil quand je suis DJ, je passe mes disques favoris pour égayer la vie des gens.

OR : Est-ce qu’il t’arrive d’avoir honte ou de regretter des choses? Certaines chansons, looks ou excès ?

M : Quand on a fait quelque chose, c’est fait. Sinon on se fait du souci, on se fait pousser des cheveux gris et tu finis pas mourir d’une crise cardiaque. « I Wanna Live Forever…”

OR: Dans les récentes interviews Bobby dit qu’il est devenu un père de famille respectable, qui borde ses enfants, passe l’aspirateur, reste chez lui le soir…pourtant ses paroles ne parlent que de débauche…

M : Ah ah, ce mec est hyper drôle ! Il raconte vraiment des conneries à longueur de journées ! On a une réputation à tenir, les gens veulent un groupe rock’n’roll, ceci dit Bobby est assez fort pour gérer sa double personnalité et alterner entre sa famille et le groupe.

OR : Qu’est-il arrivé à Kevin Shields et à Throb, les deux guitaristes ? Vous les avez abandonné sur une aire d’autoroute?

M : Non, ils sont moins doués pour faire coexister leur vie privée et celle du groupe, mais leur place est au chaud. En attendant on a un nouveau guitariste, un petit jeune qui s’appelle Little Barrie. C’est un chouette gamin, il joue de la soul avec son groupe ; son album a été produit par Russell Simins du Blues Explosion.

OR : Récemment j’ai vu le film Vanishing Point, vous aviez fait la BO pour le remake qui n’est jamais sorti. Kowalski, le pilote du speed challenger m’a fait penser à vous : un mec qui fonce tout droit, en prenant de la drogue et en ne se souciant de rien. Alors je me disais « The question is not when it’s gonna stop it but who is gonna stop it ? »

M : Même si on était pris en chasse par la police comme dans le film, on continuera à foncer jusqu’à s’écraser contre le bulldozer. Ca pourrait être la mort, la prison…

OR : La prison ? Vous avez des trucs à vous reprocher ?

M : Heu…bah c’est à dire que…..
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