samedi 21 juin 2025
Interview The Flaming Lips

If You could watch everybody work while you just lay on your back, would you do it?

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"At War The Mystics", confirme le statut de groupe culte et innovant que sont les Flaming Lips. Entre psychédélisme faussement acidulé et questions métaphysiques, Wayne Coyne poursuit son hallucinante aventure avec une pincée de soul et de riffs hard rock. Rencontre avec le gourou de l'Oklahoma quelques heures avant la prestation festive (à base de pères noël, d'aliens, de ballons, de confettis, de guitare gibson SG double manche, de reprise de Black Sabbath et d'énorme saturation) du Printemps de Bourges.

Olivier Rigout : Salut Wayne, t'as l'air crevé.
Wayne Coyne : (il me regarde) J'ai l'impression que je ne suis pas le seul ! On va essayer de vous réveiller ce soir. Mais c'est pas grave si vous bougez pas, ça ne me pose aucun problème. D'ailleurs si j'allais à un concert des Flaming Lips je ne sais pas si je péterais un câble.

Pourquoi ? Tu te sens trop vieux pour pogoter ?
Non mais je partage mon enthousiasme d'une autre manière. Je partage mes émotions plus calmement. Tu sais quand j'étais plus jeune je jouais au dur. J'essayais d'avoir l'air méchant. Mais après je me suis aperçu que j'avais tort. Je n'ai plus besoin de jouer un rôle pour me sentir bien. Musicalement c'est pareil. Notre musique devient progressivement le reflet de nos vraies personnalités.

Tu dis ça comme si tu regrettais d'avoir porté des t-shirts Sonic Youth, d'avoir eu les cheveux longs et des jeans déchirés...
Non je suis content de l'évolution qu'on a eu. De toute façon, quand on a commencé, Michael et moi n'étions pas bons musiciens mais ce qu'on voulait c'était être riches et connus. On a fini par apprendre à se servir de nos instruments, à composer. Finalement on commence à approcher notre but.

Vous avez quand même été jusqu'à jouer « She don't use jelly » dans la série Beverly Hills pour vous faire connaître. C'est la honte non ?
Mais non ! On a adoré. Tu sais, si tu commences à te poser trop de questions tu n'avances pas. Il y a tant d'absurdités dans l'industrie musicale qu'on n'y fait plus attention. Par exemple en février j'étais invité aux Brit Awards et il y avait Paris Hilton et l'autre idiot de James Blunt. A côté d'eux il y avait Prince ! C'est des coups à devenir fou, donc je ne me restreints plus, je ne me dis pas « ça c'est cool, ça c'est nul » ou « je suis un artiste, eux c'est des cons ». De toute façon on ne peut pas tout contrôler alors on fait les choses qui nous plaisent sans se soucier des conséquences.

Chacun de vos albums se vend plus que le précédent : tu penses que c'est parce qu'ils sont meilleurs ?
J'espère. Honnêtement, je n'aurais pas pu imaginer vivre une meilleure vie. J'ai quelques maisons, un groupe génial, des amis, une super femme, je rencontre des gens intéressants comme toi...Je ne suis pourtant pas sûr qu'être dans un groupe soit la chose la mieux au monde, mais pour moi ça l'est. Je suis chanceux. J'étais pas destiné à faire ce que je fais dans les Flaming Lips. Je savais juste que je voulais être dans un groupe et ne pas juste écouter de la musique dans mon coin. Tu sais j'ai commencé à travailler en 1977 à l'âge de seize ans dans un fast food. T'étais pas né ? Laisse moi deviner, t'es de 1982 ?

Perdu !
Bon, toujours est-il qu'on a signé avec Warner et que j'ai quitté mon job en 1990. J'ai bien fait car je suis plus heureux et j'ai plus d'argent maintenant. Quand même, c'est horrible d'être pauvre.

Quoi ?
Je veux dire, quand tu n'as pas d'argent, tu n'es pas libre. Il y a trop de pression, de restrictions. Ca t'empêche de vivre de nouvelles choses. Par exemple, ma mère est morte d'un cancer il y a deux ans mais je suis content d'avoir pu la faire hospitaliser. Ce genre de truc peut détruire des familles aux USA. Je n'ai plus à me soucier des lendemains, je cherche juste à être créatif.

Ce que tu me dis me rappelle ta chanson où tu dis « do you realize, one day everyone you know will die ». T'as toujours été fasciné par la mort ?
Quand j'avais huit ans j'écoutais Strawberry Fields des Beatles et à la fin Lennon dit « I'll burry Paul ». Je trouvais ça super, c'était beau et mystérieux. Mais ce n'est qu'avec la mort récentes de mes parents que j'ai réalisé l'énorme et mystérieux pouvoir que la mort exerçait sur moi. Je suis content d'avoir vécu ces expériences. Ca ne me rend pas triste, ça m'intrigue. Non pas que je sois morbide. Parler de mort me fait du bien je pense. La mort c'est beau en fait. Je comprends qu'en général on aime pas en parler, mais moi ça me rappelle des moments forts. J'ai quarante cinq ans et je me sens plus vivant que jamais !

Tu me rassures ! La musique des Flaming Lips est justement assez difficile à appréhender car elle a l'air légère et inoffensive...limite infantile alors que les textes sont souvent tristes.
Plus je vieillis, plus je comprends les choses qui m'entourent. Je suis plus mesuré dans mes faits et gestes comme dans mes paroles. Je ne prétend pas pour autant faire une synthèse de la condition humaine avec mes chansons même si c'est le rêve de tout artiste selon moi. Je parle de ce que je connais et j'essaye de toucher les gens. Parfois ça me prend une minute pour écrire une chanson et parfois cinq ans pour écrire une phrase. Mais de manière générale je pense qu'il faut aimer être productif pour être dans un groupe. Les Flaming Lips sont parfaits pour moi à ce niveau là, je fais des disques, je prépare le visuel des concerts, je travaille sur notre image, j'ai également réalisé un film « Christmas on Mars »...

Pourquoi avoir fait cette horrible reprise du « 7 Nation Army » des White Stripes ?
T'as pas aimé ? On était en festival et Jack White s'est cassé le doigt alors on est allé lui prêter main forte. C'était juste un coup de pouce, mais on ne connaissait pas les paroles des chansons. Alors je me suis mis à dire ce qui me passait par la tête et on a fait de leur tube une chanson engagée et hallucinogène: le public est entré en transe. C'est avec ce genre de chose qu'on réalise le pouvoir magique universel de la musique. C'était quasiment surnaturel.

A ce sujet, le titre du dernier album est assez énigmatique...
Je ne me souviens même pas comment on l'a choisi. En fait un jour je me balladais sur Internet et j'ai vu « le nouvel album des Flaming Lips va s'appeler At War With The Mystics ». On avait du dire ça dans une interview ou ça devait être une phrase que j'avais dite dans une chanson ou en concert. J'ai trouvé ça cool. Tu sais c'est dur de nommer un ensemble de chanson, là c'était réglé très vite. Mais après c'est drôle de voir que les gens se creusent la tête. « Qu'est ce que ça veut dire ? ». On me sort des théories tous les jours, du genre « vous parlez de politique, de l'administration Bush ». Pourquoi pas ? Chacun son interprétation.
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